Partant de là, se fixer aujourd'hui l'objectif de réduire le flux migratoire est peu réaliste, sauf à choisir la voie du déclin. La loi de 2006 a pris acte, sans trop le dire toutefois, de ce rôle de plus en plus décisif de l'immigration dans la croissance de la population, par la réouverture des frontières à la migration de travail. Reste que l'objectif de cette loi, observe François Héran, est de faire reculer l'immigration "subie" et de la ramener sous l'immigration "choisie". Ce qui revient nécessairement à réduire le solde migratoire de la France. Or, force est de constater que cet objectif n'est pas "démo-compatible", relève le démographe. La part croissante de l'immigration dans la population française est un phénomène inéluctable. Au lieu d'agiter cette évolution comme un spectre, de s'enfermer dans la dénégation, ne vaut-il pas mieux, comme y invite François Héran, se préparer au "brassage" grandissant des natifs et des immigrés ? (Laetitia van Eeckhout - Le Monde du 18 janvier 2007)